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samedi 28 septembre 2013

2013 09 28 - 100 km de Millau



Le déplacement à Millau, ce 28 septembre 2013, était prévu de longue date mais, suite à mon abandon à Steenwerck en mai dernier, je ne me pensais pas capable de retenter la distance cette année alors je comptais m'inscrire sur le marathon. C'est à la fin d'un été dramatique, qui ne m'a cependant pas empêché de cumuler pas mal de kilomètres, que je décide finalement de m'inscrire sur les 100 km.
L'ami Pascal fera le voyage avec moi et profitera de la chambre d'hôtel que j'ai réservé depuis la fin 2012 à La Cavalerie, petite bourgade du Larzac située à 18 km de Millau. Avec pour seul objectif de franchir à nouveau la ligne d'arrivée d'une telle épreuve, je ne vais pas suivre de plan préparatoire. Je vais accumuler des kilomètres pour que les jambes tournent, tournent et tournent toujours. Tout se passe pour le mieux. J'en profite pour tester quelques nouveautés comme un maillot de compression pour éviter les échauffements, les Hoka, les chaussettes. Tout est parfait sauf que, la dernière semaine, un rhume va venir perturber tout cela. Le nez qui coule, la toux qui m'empêche de dormir plusieurs nuits me font douter sur ma capacité à parcourir une telle distance.
Vais-je être en forme pour relever ce défi ? Est-ce raisonnable de prendre le départ ? Dois-je renoncer ?



Pas de réponse jusqu’à ce que ce vendredi 27 septembre. Après quelques heures de route, un repas pris sur une aire d'autoroute avec Juan et Patrick retrouvés grâce à la magie des sms, nous arrivons au parc de la Victoire. Là, on me remet mon dossard. Avec les retrouvailles des amis, l'envie d'y être se fait pressante. Je ne vais pas me dégonfler, je ferais ce que je peux mais j'y serais.



Petit passage à la pharmacie pour acheter de quoi me soulager la gorge, puis direction un petit bar pour trinquer avec les amis. Le soir nous nous retrouvons au restaurant réservé par la crêpière pour un bon repas en compagnie de Francine, Marc, Patrick, Juan, Pascal et Christian (Neptune) qui nous arrivera un peu plus tard avec des trophées PCaP.
De retour à notre hôtel et avant de nous mettre au lit, nous préparons nos affaires pour le lendemain, réglons l'heure du réveil. Malgré les médicaments, je vais encore tousser beaucoup. Le Pascal est dans les bras de Morphée et j'ai peur que ma toux le réveille. Quand mon téléphone sonne le clairon à 6h30, je n'ai pas dormi énormément. Direction la douche, je m'habille puis nous filons prendre un petit déjeuner assez léger avant d'aller rejoindre la salle du parc de la victoire.



Nous retrouvons toute la compagnie et profitons des derniers préparatifs pour observer ce qui se passe dans la salle. Pendant ce temps-là, quelques célébrités sont interviewées, comme Anne Cécile Fontaine, la favorite chez les féminines, mais aussi Batman (alias Crocs-man) ou encore les meneurs d'allure et le groupe d'une vingtaine de marocains venus spécialement pour souffrir sur le bitume Aveyronnais.
Peu avant 9h30, nous nous dirigeons vers l'entrée du parc où tous les concurrents doivent se rassembler pour partir en convoi au centre-ville où est la ligne de départ. C'est à cet endroit que le dispositif électronique compte le nombre de partants, c'est LE passage obligé avant de s'élancer. Je me rends compte que j'ai oublié de mettre mes lunettes dans mon sac, trop tard !



A 10h00 précises, le top départ est donné, nous nous souhaitons bonne course. 1574 coureurs s'élancent sur les 1651 inscrits, accompagnés de 358 marathoniens.
Nous mettrons un peu plus d'une minute pour passer sous l'arche du départ. Pascal et Patrick sont partis devant avec l'espoir pour mon ami d'être sous les 10 heures.
Pour ce qui me concerne, ne pouvant le faire en moins de 11h00, je m'interdis donc d'être sous le 6'36 au km.

Première boucle : La vallée du Tarn


Acte I : dans le rythme
Un début de course facile Accompagné de Juan, nous maintenons une moyenne de 6'41 / km, ce qui me convient très bien. Dans le peloton ça papote et ça rigole encore.
Nous sommes rattrapés par Batman que Juan connais bien. Le fait de courir en crocs intrigue pas mal de monde et les questions fusent.

Le parcours est très agréable. Dans les villages traversés, un public enthousiaste et nombreux nous booste. Une petite inquiétude, la peur d'éventuelles bousculades quand les coureurs retrouveront leur accompagnateur vélo à partir du km 6,5, soit après le premier ravitaillement d'Aguessac.
La route se fait plus étroite et le peloton est encore dense, mais finalement cela se passera plutôt bien. Les 2 premiers ravitaillements seront liquides, que de l'eau en petite quantité. Ce n'est qu'au 3e ravitaillement que je vais prendre un petit morceau de banane et de pain d'épices. Je m'arrête aussi de temps en temps pour prendre des photos.

Acte 2 : mais où est Juan ?



21e km, la première côte est là. J'annonce à Juan que je vais m'arrêter prendre quelques clichés et que je le rattraperai tranquillement. Pour ne pas me griller, je vais le garder en ligne de mire pour revenir petit à petit. Au ravitaillement du 25e km, je me retrouve à ses côtés. Mais le temps de demander un gobelet d'eau, j'ai tourné la tête et plus de Juan...
Je me dis qu'il est certainement allé se soulager mais le temps passe et je ne le vois toujours pas. Je me retrouve donc seul. Je vais essayer de rattraper lee secondes perdues, mais le parcours est plus vallonné que la première partie de course si bien que j'arrive au 30e sans jus. Aucune douleur, de ce côté-là pas de soucis. Je n'ai plus de jambe, plus de force et le moral va en prendre un coup.



A la sortie du village, je demande à Batman s'il a vu notre pote. Il pense qu'il est derrière. Dans ma tête je me dis que ça tombe bien. Comme je suis à la ramasse et que je vais marcher un peu, il va bien me rattraper. Je me retourne souvent. Je vois des maillots oranges mais pas de Juan.
Cette portion du parcours qui nous ramène à Millau me semble interminable. Le moral dans les chaussettes, j'ai de plus en plus l'intention d'abandonner.
Et quand ça ne veut pas aller, tout s'y met. Mon maillot de compression, pourtant essayé à plusieurs reprises avec succès, m'empêche de respirer correctement et me gène de plus en plus.
Peu avant d'entrer en ville, le meneur d'allure des 13 heures me dépasse. Je l'entends annoncer à ses poursuivants qu'il est en avance et qu'il y aura 5 minutes de pause à la salle avant de repartir. Curieux cette façon de faire, heureusement que je ne me suis pas appuyé sur ce que j'appelle de l'assistanat. D'ailleurs ils arriveront tous quasiment seul, quel est l'intérêt ?
Bref, de retour en zone urbaine, les supporters sont de plus en plus nombreux à nous encourager. Je retrouve des forces pour rallier la salle du parc de la victoire au 42e km. Une première boucle facile qu'ils disaient...
Que fais-je ? Déposer les armes, repartir ? je ne sais pas quoi faire.
Je ressors de la salle, passe sur le tapis qui prend mon temps puis je trouve un banc pour me changer. J'enlève ce maillot de compression, me mets du NOK sur la poitrine pour éviter des échauffements, c'est décidé, je vais aller voir à quoi ressemble Saint-Affrique en faisant ce que je peux. Si ça ne va pas, je peux toujours m'arrêter.
Seconde boucle : l'aller-retour Millau / Saint-Affrique


Acte 1 : une promenade de santé

Jusque-là, du côté de la météo, nous avons eu de la chance malgré un ciel souvent très gris et menaçant. Seules quelques gouttelettes sont tombées. Rien de bien méchant mais, dans l'incertitude, j'ai décidé de partir avec mon camelbak dans lequel j'ai mis une frontale pour la nuit, une veste pour le froid, un poncho pour la pluie.
Je repars donc seul, sans aucune idée d'où peut être Juan. Mon but, atteindre sans me faire mal Saint-Affrique, point kilométrique 71 mais, cet aller-retour entre les deux villes est la partie la plus délicate du parcours. Et ça se confirme dès la sortie de Creissels avec la côte du viaduc à 8 % sur 1200 m (c'est ce qui est écrit sur le panneau).
Je ne m'affole pas et vais la monter en marchant du début à la fin. Ils sont quelques-uns à vouloir absolument la monter en courant, certains le paieront cher plus tard.


Ce cliché ne permet pas de voir correctement la difficulté qui nous attend.

Au sommet, je me remets à trottiner jusqu'à Saint-Georges de Luzençon. Faut dire que la pente est favorable pour courir. Je n'oublie pas de prendre de nouveau le viaduc en photo. Une petite pause vite fait pour me soulager (désolé m'dame !!) et une autre pour photographier le futur vainqueur, Ludovic Dilmi.

Après le ravitaillement, en plein cœur du village, je vais repartir en alternant course et marche jusqu'à Saint Rome de Cernon.
J'ai trouvé ce passage un peu long et monotone malgré la bonne ambiance qui régnait au ravitaillement du 56e kilomètre. Imaginez-vous en plein milieu de nulle part avec Peter et Sloane, Frédéric François et d'autres stars françaises des années 80 à fond pour nous faire oublier nos souffrances. Merci aux bénévoles,  vous êtes au top !!
Par contre, j'aurais aimé ne pas voir, vers le km 54, un véhicule de gendarmerie et 3 ambulances autour d'un coureur dans le fossé. D'après d'autres concurrents ce n'était pas bien méchant, je l'espère, car aucun moyen de vérifier l'information.

De mon côté, un nouvel élément vient me perturber. J'ai la gorge qui me chatouille de plus en plus, ma bouche qui devient pâteuse, qui se dessèche certainement les effets de mon rhume mais peut-être pas que cela. Je vais trouver sur les tables des morceaux de citrons qui me feront du bien, mais je bois de plus en plus malgré toute l'eau déjà avalé jusque-là (j'ai aussi pris un peu de glucose et de coca mais, en très petite quantité).



Désormais, je croise de plus en plus de coureurs sur le chemin du retour sur Millau. Je les félicite et leur souhaite d'aller au bout. J'ai même la chance de voir la première féminine que j'encourage et elle me le rendra, super sympa, merci beaucoup !!
J'ai hâte de voir Pascal, Patrick, Marc, Francine et peut-être Juan. J'arrive enfin dans la grosse difficulté du jour, la côte de Tiergues. C'est là que je croise Pascal. Je vais l'encourager avec beaucoup d'enthousiasme.



En retour Il m'annonce que Patrick a été contraint à l'abandon. Rapidement, il me dit aussi être inquiet pour le sac qu'il avait déposé à Saint-Affrique. Il a oublié de signaler son passage pour qu'il soit rapatrié à Millau par l'organisation. Mais pas le temps de s'éterniser, le biloute trace la route vers le paradis. N'ayant pas mémorisé son N° de dossard je ne peux rien faire, ce n'est pas grave, on ira chercher ses affaires après la course.
Cette côte est raide. Là encore, pas d'effort inutile, je marche. Même les accompagnateurs en vélo souffrent. Au sommet, je vais me remettre à trottiner puis, je vais croiser Francine qui me donne vite fait la position des uns et des autres. C'est là que j'apprends que Juan est devant moi. Je la laisse non sans l'avoir encouragé pour la suite.

Puis je croise Marc, qui me demande où est la crêpière. Je lui dit l'avoir croisé il y a une trentaine de secondes, mais c'est peut-être une ou deux minutes. Je ne sais plus très bien. En retour, Marc m'annonce que Juan est loin devant moi. Bonne route l'ami !!

Je sais que Juan a laissé un sac à St Affrique pour se changer. Il va donc perdre un peu de temps alors si j'accélère, et ça tombe bien, ça descend, peut-être que j'arriverais à revenir sur lui.
Je dépasse à nouveau Batman et une petite centaine de coureurs dans cette belle côte. J'ai les quadriceps droits qui explosent mais au moins j'aurais tout donné. A ce moment-là, je ne pense même plus à l'abandon.



Saint-Affrique, 3 minutes d'arrêt.
J'avale un petit jambon beurre, un gobelet d'eau et c'est reparti mais je n'ai pas été très lucide. Je ne suis pas entré dans la salle pour voir si mon ami était là. Hors de question de faire demi-tour.

ACTE 2 : le bout du tunnel

Le retour sur Millau commence par la côte descendue à toute vitesse peu de temps avant. La grimpette sera longue mais comporte des parties moins raides permettant de trottiner un peu. Mon regard se fixe sur une personne qui à l'air de ressembler à Juan mais, de loin je ne vois pas de sac à dos, alors j'ai des doutes Mais en me rapprochant, c'est bel et bien lui qui est là et en revenant à sa hauteur je lui fais la surprise. Je suis heureux de l'avoir retrouvé mais j'ai tout donné pour revenir sur lui et suis HS.
En regardant les chiffres, il est passé 28 minutes avant moi et entre Millau et St Affrique je suis passé de la 1017e place à la 883e.
Juan m'affirme que nous allons terminer ensemble. Ca me va bien mais, je ne veux pas le retarder. Il préfère trottiner quand ça monte et moi quand ça descend. On trouvera un excellent compromis, courir quand on pourra, car ça devient dur pour tous les deux, les pneus chauffent !!
Avec le jour qui disparaît, les températures descendent. Je vais donc passer ma veste et mettre en place la frontale sur ma casquette.
Le tonnerre que nous entendons n'est pas bon signe pour la suite. Heureusement, les dieux du sport seront super sympa avec nous, car seuls de nombreux éclairs illuminant le ciel de cette belle région nous accompagnerons jusqu'à la fin, sans pluie. Incroyable.
Nous allons remercier tous les bénévoles que nous allons croiser, tous les gendarmes qui ont fait du bon boulot pour nous permettre de courir en toute sécurité.
A Saint Rome de Cernon, le ravitaillement a été rapatrié dans la salle. J'en profite pour aller aux toilettes mais j'en ressors avec une forte envie de vomir. Je signale à mon pote que je l'attends à l'extérieur. Il aura la même réaction que moi, mais après quelques secondes il faut repartir.
On se fixe de petits objectifs intermédiaires, ce qui nous permet d'avancer doucement mais sûrement. On papote pas mal entre nous mais aussi avec des coureurs en excès de vitesse. Nous encourageons aussi les derniers concurrents que nous croisons, ce sont proncipalement des marcheurs et pour eux, la route est encore longue. Avant dernier ravitaillement rapide puis arrive enfin la côte du viaduc.
C'est en marchant que nous allons la monter mais aussi la descendre. Même en descendant j'ai les pieds qui chauffent... A noter qu'à notre passage sous le viaduc, son éclairage s'est coupé, un signe ?
Dernier ravitaillement. On se fait une petite pause sur un banc quand le meneur d'allure des 14 heures s'installe à côté de nous. J'en profite pour tester le cocktail de Juan mais on ne s'éternise pas.
Ce meneur nous dit avoir 3 minutes d'avance sur son objectif, alors dès le 97e km nous allons nous remettre à courir. Désormais tous les kilomètres sont annoncés et défilent assez vite, nous sommes en centre-ville de Millau.
Beaucoup d'encouragements, ça motive pour aller au bout. 99e km, puis le parc de la victoire et toujours de nombreux bravos nous sont lancés, ça fait chaud au coeur, l'émotion monte.
Nous franchissons la porte main dans la main en ayant oublié notre légendaire galanterie.



Désolé pour la demoiselle que nous avons "grillé" à 10 mètres de la ligne.
Heureux de l'avoir fait, très ému, je ne sais plus où je suis. On nous remet notre diplôme, un sac contenant un magnifique drap de bain aux couleurs de la manifestation et du principal sponsor.


Je suis aussi heureux car je n'ai aucun bobo, juste une petite ampoule de rien du tout que ma fille a soigné le lendemain.
Je peux enfin retirer ce sac à dos. Il n'était pas lourd, mais au bout de 100 km ça soulage et contrairement à ce qui est généralement dit dans les tests de matériels, il ne s'est pas fait oublier...
Les retrouvailles avec les amis permettent d'échanger nos impressions. Neptune m'annonce avoir abandonné suite à un début de tendinite, il n'a pas pris de risque. C'est une sage décision.
Même constat pour Patrick qui n'était pas au meilleur de sa forme et qui a jeté l'éponge à St-Affrique. C'est une décision lourde à prendre et il faut avoir beaucoup de courage pour renoncer.

Il se fait tard, certains ont envie d'aller au lit. Pascal et moi quitterons la fête après avoir avalé une bonne bière.
Désormais, la réponse à la question "as tu fais Millau ? ", je pourrai répondre "oui, je l'ai fait !!! "
La Mecque du cent borne porte bien son nom. Les paysages sont magnifiques mais Belvès vaut aussi de détour, car la Dordogne est belle, peut-être plus riche en monuments à voir le long du parcours.

Maintenant que l'épreuve du Morvan qui n'existe plus, c'est pour moi, sans aucun doute le 100 km sur route le plus difficile de France qu'il faut faire au moins une fois dans sa vie.
J'y retournerai, mais ça ne sera pas avant 2016, car en 2014 pas d'ultra, 2015 les 100 km d'Amiens (si un volontaire veut bien être mon accompagnateur en vélo). Il faut reconnaître qu'un accompagnateur est une aide morale et matérielle importante qui soulage beaucoup le coureur.
Bravo à tous les participants, terminateur ou pas.
Enorme bravo à Pascal qui a réussi son objectif de passer sous les 10H00 et de fort belle manière sur ce parcours très exigeant. Bravo à Francine et à Marc qui ont fait une très belle course.
Bon rétablissement à Patrick et Christian. Les gars, vous l'avez déjà fait et vous le referez sans problème.
Merci à toutes les personnes qui m'ont encouragé.
Merci à cette belle organisation, aux bénévoles, aux secouristes, à tous les supporters des villages traversés.

Prochain grand rendez-vous, la Saintélyon le 06 décembre. Course mi-route, mi-chemin de 75 km et de nuit entre Saint-Etienne et Lyon.

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